Karsten Greve


Leiko Ikemura

Leiko Ikemura
"Liegende in Schwarz", 198 - huile sur jute - format: 70 x 134 cm

 

"Tout art reflète la nature comme une métaphore de sa propre réalité, comprise cependant non comme une symbiose mais plutôt comme le fait que l'homme et la nature correspondent et se reflètent mutuellement." (Leiko Ikemura)

La galerie Karsten Greve inaugurera le 21 novembre 1998 une exposition consacrée a l'artiste japonaise Leiko Ikemura. Cette exposition permettra de découvrir une sélection de ses nouveaux travaux qui comprennent un ensemble de sculptures en terre cuite, ainsi que des peintures et des oeuvres sur papier. De surcroît un ensemble d'oeuvres plus anciennes donnera un Survol sur le développement artistique de 1990 jusqu'à ce jour.

Le langage, ou mieux le dépassement des limites du langage joue un rôle fondamental dans le travail de Leiko Ikemura, que ce soit en peinture, sculpture, photographie ou dans les oeuvres sur papier. Etroitement reliée à la tradition asiatique, son processus artistique est une méditation permettant de faire émerger les images intérieures, de les laisser passer devant les yeux, de les faire disparaître, ou bien de les laisser prendre forme. Le monde imaginaire de Leiko Ikemura se meut dans l'espacement entre le connu et l'inconnu. Son vocabulaire artistique est né d'un monde intérieur dans lequel le genre humain, tout en partant de ses origines, s'épanouit naturellement et dépasse constamment les frontières en direction de son développement extérieur - pour en revenir a ses origines. Ce que Leiko Ikemura voit et représente comme une vision est une réalité qui lui appartient, et pas seulement une partie ou le revers du monde en deçà: 'dans chaque chose visible se cache l'invisible, et l'unité de cette dualité est mon point de départ essentiel. Toutes les choses sont réellement libre de toute définition. Et j 'aimerais me rapprocher de cette réalité dans mon oeuvre."

Leiko Ikemura donne beaucoup d'importance au point dé départ anthropomorphe de la compréhension de toute matière corporelle. En cela ses représentations des années 90 semblent énigmatiques. Des formes humaines, animales, végétales, minérales mais aussi architectoniques convergent, se fondent et se transforment au cours du processus de création artistique. Tous les objets et les êtres semblent être dans un état de mutation continuel, au cours duquel les formes humaines se transforment en animaux ou en plantes. Les objets et les êtres forment une unité, leur signification n'étant pas due à leur existence propre mais à leur coexistence.

La tendance de la figure humaine s'impose dans les dernières années aussi bien dans la sculpture que dans la peinture et le dessin. Même Si l'image d'une figure féminine, d'une petite fille, s'est affirmée, Leiko Ikemura évite toute représentation individuelle dés traits du visage ou du corps et refuse toute espèce de standardisation. Là aussi on peut voir une convergence de l'être humain et de la nature. Il s'accomplit une métamorphose d'une forme humaine vers une forme animale, de traits humains vers des structures métaphoriques. Les bras qui se mettent dans les orifices tels les yeux, les oreilles, la bouche ou encore dans le ventre, deviennent signe d'introspection, du flux d'énergie, du mouvement circulaire éternel de la vie. Le tout relève du tout. La représentation du couple soudé ensemble devient symbole de l'interdépendance absolue des oppositions, de la liaison entre toute existence.

Née à Tsu au Japon en 1951, Leiko Ikemura a émigré en Europe en 1972, après avoir terminé ses études de langues à l'université d'Osaka. Elle a passé ensuite sept ans en Espagne ou elle a étudié l'art puis est partie pour la Suisse. Depuis 1985, elle vit et travaille à Cologne et enseigne depuis 1991 à la Hochschule der Künste à Berlin.


Karsten Greve