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Autour de Jean Leppien

 

En écho à l'exposition du Musée de l'ancienne douane de Strasbourg, nous rendrons hommage à Jean Leppien - après deux expositions personnelles en 1986 et 1997 - en compagnie de ses amis.

Né en Allemagne en 1910 Jean Leppien peint son premier tableau abstrait en 1927. En 1929 il entre au Bauhaus de Dessau où il est l'élève d'Albers, de Kandinskv et de Paul Klee.
L'analyse des couleurs, l'étude des formes géométriques sont alors l'essentiel de sa recherche picturale. En 1933 il quitte l'Allemagne nazie et s'installe à Paris. De retour de déportation il retrouve dans la France d'après-guerre une peinture abstraite en plein essor, et se lie d'amitié avec Alberto Magnelli, Jean Deyrolle, Michel Seuphor, Emile Gilioli et Aurélie Nemours et plus tard Véra Molnar et Jean Legros.
A partir de 1946 il s'associe à la refondation du Salon des Réalités Nouvelles, auquel il restera toujours fidèle. Ce salon lui permettra de rester en contact avec les nouvelles tendances de la peinture abstraite, et ainsi naîtrons des amitiés avec certains de ses représentants tels que Yves Popet, René Guiffrey ou Antoine Perrot.

 

Véra Molnar (1925) est co-fondatrice en 1960 du Groupe de Recherche d'Art Visuel (G.R.A.V.). Travaillant sur ordinateur depuis 1968 elle crée des formes systématiques, variations sur le carré, qu'elle découpe, déchire et décompose pour les ramener à leurs états originels.

En plus du rythme et du mouvement, la succession de bandes horizontales de différentes épaisseurs des toiles de Jean Legros (1917-1981), nous procure une impression d'apaisement. " Un sentiment de sérénité " dira l'artiste qui par ses oeuvres, espaces ouverts, véritables champs de couleurs, nous incite à la contemplation.

" C'est en questionnant la lumière -nous précise René Guiffrey (1938) que sont apparus les différents matériaux la toile, le papier plié, le carrelage et aujourd'hui le verre... Avec la série des fixés-sous-verre, c'est donc une autre façon de solliciter la lumière. La surface n'est plus plate, s'y ajoute une profondeur qui la modifie totalement. "

 

Yves Popet (1946) a choisi une figure emblématique de l'art construit, le carré qui évoque en général un certain immobilisme ses toiles, elles, se succèdent et ne se ressemblent pas. Parfois le carré se devine ponctué de segments, de droites ou de points, d'autres fois un jeu de couleurs le met tellement en évidence qu'il laisse son empreinte dans l'oeil et parcoure la toile de son ombre. Par ces jeux de contrastes d'épaisseurs de traits ou de couleurs, se dessine peu à peu la perception d'un nouvel espace, but vers lequel l'artiste tend.

Antoine Perrot (1953) joue de la chromatique et des matériaux, ici, biens de consommation courante, qu'il importe dans sa peinture comme témoignage de son environnement. D'ailleurs les titres de ses oeuvres portent les noms des couleurs et matériaux utilisés, exemple " Bleu lagon " ou encore " Triply et craie industrielle ". Ce choix met en évidence l'observation d'un va et vient de la peinture à l'environnement (architecture) et à l'objet de consommation courante (design). Fidèle à sa quête qu'est-ce que peindre aujourd'hui? il remet en question la valeur de la peinture et le statut de l'artiste et prouve qu'il y a encore aujourd'hui des ouvertures possibles.

 

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