[Le Reverbere 2 ]



 Arièle BONZON
"Equinoxe d'automne" 1995
Alain BOULEROT
" 'Essais biographiques" "Masques" 1992-1996

Exposition réalisée à l'occasion de la Biennale d'Art Contemporain de Lyon


Arièle BONZON dans "Equinoxe d'automne" propose 20 portraits (19 en noir et blanc, un en couleur d'une même jeune femme: une variation des diffrences et des similitudes d'une pose a l'autre. Le modèle devient l'alter égo de la photographe, le miroir de sa présence; un autoportrait clot l'ensemble. Il faut préciser que ces visages sont intégrés à des éléments de bois, d'ardoise, marqués de signes et de traces de temps. Ces rencontres offrent de subtils glissements de sens liés au passage muet mais bien présent entre matériaux et images et créent une sorte d'icônes personnelles.
"Equinoxe d'automne" confronte ce visage de vingt ans à celui ainsi évoqué de la photographe l'année de ses quarante ans. Ses jours ne sont pas égaux à ses nuits... Ici, la photogaphie joue la métaphore du mythe de Cronos qui dévore autant qu'il engendre (l'autoportrait gagne) ce qui par un déplacement sémantique nous amène à Chronos figure du temps, fil d'Ariane dans l'oeuvre d'Arièle Bonzon.

Ariéle Bonzon " Equinoxe d'Automne n°4 "
38 x 18 cm
© Ariéle Bonzon - 1995
Courtesy Galerie Le Réverbère 2 / Lyon


 Alain BOULEROT dans "Essais biographiques" et "Masques" photographie des objets quotidiens qui échappent souvent à l'intérêt d'un regard bien qu'évoquant l'enfance et sa force hypnotique pour certains objets désuets. Ces photographies en couleur sont agrandies et mises en regard avec un texte typographié (espace égal à celui de l'image 50 x 75 cm). Ces images-textes mettent en évidence les formes particulieres liées au dispositif : le texte par sa forme impérative crée une sentence qui transfigure la photographie et totémise l'objet représenté. Alain Boulerot élabore par cette opposition formelle des portraits inachevés, leur achèvement étant laissé au gré du spectateur, confié à une lecture où la critique, la dérision, I'incongruité cotoient une tendresse désabusée. Le caractère paradoxal de ces diptyques crée des allers et retours à partir desquels l'artiste de façon discrète souligne l'absurde du monde.



 


Alain Boulerot" Essais biographique " 92 -96
50 x 150 cm © Alain Boulerot

 

La rencontre des travaux de ces deux artistes dans cette exposition n'est pas liée à une thématique commune ou même à l'illustration de celle ci. Les apparences ne les reunissent pas, de même que peu de chose rattache les textes aux images de Alain Boulerot et pourtant... Nous avons trouvé dans ce vis-à-vis des passages, glissements ou paradoxes déjà à l'oeuvre dans chacune des propositions. Arièle Bonzon utilise le legendaire dans lequel la répétition des portraits organise son autoportrait travaillé par la question du temps.
Alain Boulerot invente des fables qui imprègnent les images et celles ci en retour esquissent des images mentales qui dessinent son autoportrait. L'objet est au coeur de ces deux oeuvres: l 'une crée des objets pour métaphoriser sa quête, l 'autre utilise des objets kitsch pour élaborer des sentences. Pour l'un et l'autre, la confrontation de leur travail à des caractères extra-photographiques (le texte pour l'un, la sculpture pour l'autre) décale et interroge les enjeux de la représentation.

Il nous semble nécessaire de souligner que les apparences visuelles ne suffisent pas à la cohérence photographique, à la charte esthétique, d'une exposition: si nous tentons un face à face entre ces deux artistes c'est pour susciter une réflexion dépassant les seules ressemblances que suggérent les sujets, pour aller à I'essentiel de leur oeuvre.


J.D. Mars 1997


Arièle BONZON née en 1955 à Mâcon. Sixième exposition personnelle à la galerie Le Réverbère 2, la première en 1982.

Alain BOULEROT né en 1960. Vit à Lyon. Déja connu comme peintre. Première exposition personnelle en photographie à la galerie Le Réverbère 2 en 1997.


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