[Le Reverbere 2 ]


L'EFFET FILM

 

Argument

Cette exposition ne se revendique ni d'un auteur ni d'une école ou d'un genre, ni même d'un thème, mais plutôt d'un agencement de formes et de matières. Montrer (des oeuvres) y est conçu comme monter (moins des images que des logiques esthétiques). Et visiter l'exposition revient en somme à voir un film imaginaire où les diverses salles sont autant de scènes articulées entre elles (pliées/dépliées) au sein d'une grande boîte-écran qui leur donne corps.

Cet assemblage de pièces, cet agencement de formes et de matières, ce " montage " est là pour exposer un grand effet l'effet-film, tel qu'il opère aujourd'hui dans les oeuvres et la démarche de nombreux créateurs contemporains. L'effet-film est autant une question d'image (un problème visible dans les images) qu'une affaire de dispositif (une machination invisible, mais pensée, qui est affaire de processus la lumière, l'écran, la projection, le transport, la texture, la vibration, la trajectoire, le mouvement, etc.), autant une affaire de perception que d'intellection, de sensation que d'émotion. Il témoigne de la puissance, imaginaire et réelle, du cinéma dans l'art contemporain, singulièrement dans ce qui, depuis Si longtemps, en était présenté comme son antonyme historique, son inverse exact, la photographie. Loin de fonctionner comme deux "frères ennemis" (mouvement contre figement, etc.), cinéma et photo sont ici articulés en un seul corps visuel, comme le déployement hybride d'un même ensemble de formes et de matières. C 'est donc une exposition qui veut travailler sur des croisements, des débordements, des reprises et des surprises, bref sur des reconfigurations visuelles impliquant ensemble ces deux grandes types d'images contemporaines que sont la photographie et le cinéma. L'exposition est pensée spécifiquement, dans chacun de ses sites, comme un dialogue visuel des oeuvres entre elles, où aucune individualité ne sera privilégiée dès lors que ce sont les rapports d'images et de démarches qui produisent les enjeux.

En regroupant des artistes et des images qui ne sont ni (simplement?) affaire de photographie ni (vraiment?) de cinéma, mais toujours, dans des modulations infiniment variables, un mixage des deux, l'exposition non seulement propose des pièces qui oeuvrent aux franges de ces deux territoires, parfois jusqu'à l'indiscernable, mais surtout elle fait surgir des motifs d'entre-deux, ce qu'on appellera ici des Figures, qui, en traçant des " lignes de convergence " possibles entre eux, engendrent ainsi, dans et par la chair vive des images, des effets de pli faisant de ces figures, des indécidables de mixité esthétique.



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