[Galerie Anne de Villepoix]


Andrew Mansfield

 

Dans les deux expositions précédentes à la galerie Anne de Villepoix, le peintre anglais Andrew Mansfield nous a habitués à montrer essentiellement des éléments minéraux, végétaux et des animaux. Cette nouvelle exposition s'inscrit tout naturellement dans le prolongement de ses recherches picturales, mais, avec ces portraits, réalisés en phases successives, il s'intéresse pour la première fois à la figure humaine.

Les premiers, produits en 1998, s'attachent à gommer la plupart des détails au service d'une vision archétypale de la beauté, privilégiant les qualités formelles. Il s'inspire pour cela des magazines de mode à travers de multiples visages-pretextes à la peinture, sans identité, presque sans expression, avec pour seule distinction des numéros de classification (Untitled N0---). Ce sont des femmes presque irréelles regardant directement l'objectif d'un appareil photographique supposé, des images floues suggérées par la mémoire.

Par sa technique n'autorisant aucun repentir (huile sur toile sans empâtement, matière diffuse, toile texture/grain de peau), Andrew Mansfield désigne l'impasse de la peinture comme témoignage de la réalité auquel une certaine photographie peut répondre; dans la seconde série, plus graphique, les visages sur fond blanc ou noir, flattant la forme, suggérent les conventions du portrait d'identité, sans nom.

Enfin l'apparition dans les dernières toiles de portraits anonymes encore plus grands et de visages masqués semble confirmer que sa peinture est avant tout matière à réflexion sur l'idée de la peinture et de sa possibilité encore aujourd'hui.
Ces masques, noirs pour certains, sont-ils des voiles, une rétraction, un deuil du "superflude" la peinture, peut-être non sans humour, en "cagoule", évoquent-ils la représentation d'un refus d'une certaine représentation; blancs pour d'autres, ils seraient selon l'artiste lui même un clin d'oeil à des masques de beauté (de la peinture ???).

Les toiles de Mansfield semblent transmettre surtout la vibration de la matière et vouloir faire sentir la vie qui la traverse. L'artiste brosse-t-il peut-être simplement le portrait de la peinture.