Dans la foire d'art contemporain "Art Athina 7 '99", les oeuvres exposées, provenant essentiellement de galeries grecques - même si d'autres pays européens, ainsi que les Etats-Unis, sont représentés - semblent suivre les courants artistiques des pays occidentaux : art conceptuel, photographie remaniée à l'aide du numérique...

Dans ce contexte, l'installation de Florentia Ikonomidou, qui a opté pour un art ludique, attire particulièrement l'attention.

Carousel, 1998
1,90x1,07x1,07 m

Elle a choisi, en guise d'introduction à son catalogue, une définition du jeu, en langue savante, un peu surannée, trouvée dans l'encyclopédie Papyros-Larousse :
"A toutes les époques, le jeu a été une nécessité pour l'homme depuis son enfance. Il représente pour les enfants un besoin biologique, qui se manifeste en général par des mouvements et par le divertissement. Pour les adultes, le besoin de s'amuser se manifeste dans leur participation à différentes sortes de jeux.
Le jeu est considéré comme un élément indispensable pour le développement physique et mental de l'être humain. Même les animaux ont besoin du jeu, tout particulièrement pendant l'enfance. Ceci justifie l'opinion selon laquelle le jeu présente, en plus du divertissement, un but biologique plus général.

Il existe plusieurs types de jeux, de groupe ou individuels, dont la pratique nécessite divers instruments. Il existe également des jeux qui n'imposent pas l'utilisation d'instruments. Il existe enfin des jeux qui demandent des efforts physiques particuliers et d'autres qui nécessitent un effort mental. Tous les jeux ont pour but l'exercice de l'esprit ou du corps, toujours lié au divertissement."

L'artiste nous explique sa démarche : "L'effort pour exprimer artistiquement le rêve et combiner le caractère fonctionnel d'une uvre avec sa valeur plastique m'a conduite à une série de constructions. Mon intention est de donner au spectateur la possibilité de vivre dans le monde du jeu. Le mouvement est l'élément commun de ces uvres. Ce mouvement est réalisé soit grâce à la participation du spectateur (cheval, oiseau-planche à roulettes), soit il est automatique (carousel), soit statique (chevaliers).
Les matériaux structurels utilisés sont le bois et les métaux. Les formes sont travaillées à l'aide des techniques de peinture et sont complétées avec des collages en relief."

Cheval, 1998
1,05x0,28 m

oiseau-planche à roulettes, 1998
1,10x1,3x0,90 mx1,70

Florentia Ikonomidou a voulu nous montrer ses jeux, et nous inviter à participer à son divertissement. Son manège, ses chevaliers multicolores, suspendus à la hauteur du spectateur, nous enchantent, et l'on entre avec délice dans ce théatre muet, lanterne magique à grande échelle qui nous raconte inlassablement la même histoire. Ses chevaliers, occidentaux ou byzantins, nous font penser aux marionnettes siciliennes, et en même temps, de par leur forme plate, bois découpé, ils rappellent les figures de Karaghiosis, théatre d'ombre importé d'Orient par les Turcs.

Anguéliki Garidis

Biographie de l'artiste :

Née à Athènes en 1960, elle commence par étudier la peinture à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, en 1980-81, puis poursuit sa formation à Athènes, à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, dans l'atelier de Nikos Kessanlis, entre 1981 et 1986. Ensuite, jusqu'en 1990, elle étudie la gravure, dans l'atelier de Thanassis Exarhopoulos. Entre 1993 et 1995, elle continue la gravure en tant que boursière de 3e cycle sous la direction de ce même professeur.

Elle a participé à des expositions collectives dans différentes villes de Grèce comme à l'étranger, à Belgrade (1989, 1994, 1996, 1998), Alger (1990), Bratislava (1992), à Chypre (1992), en Allemagne (1992, 1996), au Luxembourg (1994), en Inde (1995, 1997), en Belgique (1997), en Slovénie (1997), à Turin (1999), etc.

Depuis 1997, présente aussi ses oeuvres et installations dans des expositions individuelles, à la galerie Astra, à Athènes, et elle a représenté la galerie lors de la foire internationale des galeries "Art Athina 1999".