Jeu de Paume

 

 

 Emil Schumacher

 

 

La Galerie nationale du Jeu de Paume présente une exposition consacrée au peintre allemand Emil Schumacher dont c'est la première présentation d'importance en France.

Après Paris, cette exposition sera présentée à la Kunsthalle de Hambourg et à la Haus der Kunst de Munich. Elle rassemble trente et une peintures datant de 1964 à 1996, ainsi que des oeuvres sur papier qui permettent de mesurer l'importance dans la création picturale de la deuxième moitié de ce siècle, de l'oeuvre de cet artiste, resté jusqu'ici peu connu du grand public en France, bien qu'il soit représenté dans les collections des plus importants musées d'art moderne et contemporain d'Allemagne, d'Angleterre, des Etats-Unis et de Suisse.

 

 

L'artiste

Emil Schumacher est né à Hagen en Westphalie en 1912 dans une famille d'artisans. A l'âge de vingt ans, il s'inscrit à 'Ecole des arts et métiers de Dortmund où il suit les cours d'arts graphiques. A la fin de ses études en 1935, il décide de devenir " peintre indépendant". Il a déjà alors entrepris de nombreux voyages à l'étranger: Paris, puis l'Italie du Nord, les Pays-Bas et la Belgique.

Ses premières oeuvres sont des intérieurs et des natures-mortes dont la lumière, l'immobilité et le traitement de la matière rappellent l'atmosphère énigmatique des premiers Chirico ou le silence solitaire de Morandi.

A la suite troubles des oreilles, il est réformé, mais en 1939 il est réquisitionné par le service civil en tant que dessinateur technique. A propos de ces années marquées par le nazisme, il devait déclarer lors de son discours de réception comme docteur honoris causa de l'université de Dortmund en 1992 : " Ce n'est pas sans amertume que je songe aux années entre 1933 et 1945. Ce sont les meilleures années de ma jeunesse, qui m'ont été volées (...) Ce n'est qu'après la fin de la guerre que j'ai pu me concentrer de nouveau sur mon travail et que j'ai dû admettre qu'il était impossible de continuer comme en 1933."

De 1945 à 1949, il s'intéresse plus particulièrement aux expressionnistes de l'époque de Die Brûcke et commence à privilégier dans sa peinture le trait, la ligne et la matière qu'il développe à partir des années cinquante dans des oeuvres tournées vers la non figuration. En 1947, il participe au groupe Junger Westen (Jeune Ouest) qui allait marquer l'art en République fédérale allemande jusqu'en 1960. Il voyage à nouveau à Paris à partir de 1951. En 1954, il est invité à l'exposition consacrée à l'art allemand après 1945 par le Stedelijk Museum d'Amsterdam, première exposition d'art allemand contemporain montrée à l'étranger après la guerre.

L'année suivante, le marchand parisien René Drouin le fait participer à l'exposition " Peintres et sculpteurs non-figuratifs en Allemagne d'aujourd'hui" présentée au Cercle Volney. Il découvre à cette occasion le tachisme français la confrontation avec les peintures de Wols, Fautrier, Dubuffet l'incitent à créer des oeuvres dominées par la matière, qui feront l'objet d'une exposition à la galerie Stadler à Paris en 1958. La même année, il prend part à la Biennale de Venise. En 1959, il expose à la Documenta 2 de Kassel. A New York, il reçoit le Guggenheim Award. Pendant les années soixante, il figure au sein du mouvement international de l'Art autre dont le concept avait été forgé par le critique Michel Tapié autour de la notion d'art informel.

Depuis lors, Emil Schumacher participe aux grandes manifestations internationales, telles la Vîlé Biennale de Sao Paulo au Brésil en 1963, la Documenta 3 de 1964 ou la Documenta 6 de 1977. En 1967-68, il enseigne à la Minneapolis School of Art, Etats-Unis. Il passe les hivers de 1969 et 1975 sur l'île de Djerba où il réalise plusieurs séries de gouaches. Depuis lors, il continue de travailler dans son atelier à Hagen, mais également aux îles Baléares, en Tunisie ou encore, en 1983, au Maroc.

Jusqu'à aujourd'hui, Emil Schumacher n'a cessé de développer une intense activité créatrice, ce dont témoigne cette présente exposition qui rend largement compte des développements récents de son travail.

 

L'exposition

Le choix des oeuvres présentées permet de découvrir les différentes facettes de ses recherches picturales depuis 1964, date à laquelle le style d'Emil Schumacher affirme pleinement sa personnalité. Le peintre y exprime l'importance de la ligne - le dessin - qui selon lui " est et reste l'essentiel ", mais aussi de la couleur et de la matière qui donnent au tableau son épaisseur.

La couleur est tactile. Elle apparaît comme une masse poreuse et crevassée, chatoyante, composée de pigments purs mélangés à un liant qui donne une matière pâteuse, grumeleuse à laquelle il intègre des matériaux tels que des feuilles, de la paille, des fil de fer, des petits cailloux, du sable, etc... Ses teintes préférées sont le rouge, le jaune, le bleu, le noir, le blanc, le brun terreux. C'est dans cette matière qu'il trace les lignes incisives et énergiques, qu'il exprime son rythme intérieur en travaillant par tailles, inscriptions, martelages, arrachages ou grattages.

Si la peinture reste au premier abord non figurative, le trait de Schumacher y évoque parfois, par delà les grands arcs ou les horizons qu'il détermine, des formes figuratives telle que la roue, ou encore il fait apparaître des animaux comme ceux qui figurent dans les peintures pariétales: boeufs, chevaux, oiseaux. Les oeuvres sur papier, gouaches et dessins, reflètent une identique intensité du trait et de la couleur.

Les oeuvres d'Emil Schumacher sont présentes dans de nombreuses collections publiques tels la Nationalgalerie de Berlin, le Stâdtisches Kunstmuseum de Bonn, le Sprengel Museum de Hanovre, le Museum Ludwig de Cologne, la Städt Galerie de Stuttgant, la Tate Galerie de Londres, le Metropolitan Museum of Art de New-York, le San Francisco Museum 0f Art de San Francisco, le Museum des 20 Jahrhunderts de Vienne ou le Kunstmuseum de Winterthur.

Catalogue : Editions du Jeu de Paume / Réunion des Musées Nationaux. Textes de Peter Handke, Marcelin Pleynet, Emil Schumacher, Monika Wagner, et Ortrud Westheider. Chronologie établie par Melitta Kliege.

Le Petit Journal de l'exposition est mis gratuitement à la disposition des visiteurs.

Cycle de conférences: La situation de l'art en Allemagne depuis 1945 samedi 15 et dimanche 16 novembre 1997 de 10h à 13h. Réservation obligatoire : 01.47.03.12.50

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