Théodore Chassériau
Un autre romantisme
19 juin / 21 septembre 2002
Commissariat d'exposition
Commissariat : général : pour les peintures, Vincent
Pomarède, directeur du
musée des Beaux-Arts de Lyon, et Stéphane Guégan,
responsable des colloques
et conférences au musée d'Orsay ; pour les dessins
et les gravures,
Louis-Antoine Prat, chargé de mission au département
des Arts graphiques du
musée du Louvre ;
Commissaire Musée des Beaux Art de Strasbourg : Dominique
Jacquot,
conservateur du musée des Beaux-Arts de Strasbourg, assisté
de Céline Marcle
Catalogue
Auteurs : Stéphane Guégan, Vincent Pomarède,
Louis-Antoine Prat
432 pages
Format 24 x 30,5 cm, 320 illustrations dont 280 en couleur, broché
Diffusion Seuil
Prix 45 EUR
Une exposition internationale
« Théodore Chassériau : un autre romantisme
» est la première grande
rétrospective internationale consacrée à
cet artiste depuis celle qui s'est
tenue en 1933 à l'Orangerie.
Si les oeuvres majeures de Chassériau seront présentées
au Grand Palais, à
Strasbourg et à New York, les commissaires ont également
tenus à présenter à
chaque étape une version différente de l'exposition.
Le choix des dessins a
été conçu dans cette optique. La complémentarité
de cette démarche est une
invitation à renouveler la vision de cette oeuvre trop
longtemps réduite à
l'apologie de la beauté féminine ou encore à
l'orientalisme. Le choix des
thèmes se fondant sur la quête d'un monde originel,
l'obsession d'un paradis
perdu, témoignent de sa fidélité au romantisme,
tout comme la vision de
l'art comme expression d'une individualité : l'art de
Chassériau diffère de
celui de Delacroix. C'est en ce sens notamment que l'on peut
qualifier cette
oeuvre comme tenant « d'un autre romantisme ».
L'exposition a été organisée par la Réunion
des musées nationaux, le musée
du Louvre, les Musées de Strasbourg et le Metropolitan
Museum of Art, New
York.
Galeries nationales du Grand Palais 26 février - 27 mai
2002
Musée des Beaux Arts de Strasbourg 19 juin - 21 septembre
2002
The Metropolitan Museum of Art, New York 21 octobre 2002 - 5
janvier 2003
* La particularité de l'exposition strasbourgeoise
*
* Avec ses 46 tableaux, 60 dessins et 16 eaux-fortes, la
version
strasbourgeoise présentera un aperçu différent
et complémentaire de l'art de
Chassériau.
*
* Parmi ces 46 tableaux, quatre sont exposées en
permanence au musée
des Beaux-Arts, au sein de la section XIXe siècle comportant
notamment
plusieurs tableaux de Corot. Il s'agit d'un Intérieur
de harem, un des
thèmes orientaux favoris de Chassériau, de l'extraordinaire
Mazeppa et de
deux esquisses pour Othello, qu'accompagnera la série
des eaux-fortes sur ce
thème.
*
* 40 dessins ne seront exposés qu'à Strasbourg.
Ils viendront du
Louvre (département des Arts graphiques) sauf deux en
provenance du Getty
Museum et du musée des Beaux-Arts de Dijon). Grâce
à ces feuilles, la
variété et la maîtrise du dessinateur pourront
être parfaitement
appréhendées. Qu'il s'agisse du portraitiste éblouissant
(19 dessins dont
l'étude pour le fascinant portrait de Mlle de Cabarrus),
du spectateur de la
nature ou du peintre cherchant et étudiant ses compositions
profanes et
religieuses. Des groupes de dessins permettront d'assister à
la décantation
du processus créateur, avec une méthode utilisée
aussi notamment par Ingres.
* Par rapport à celui du Grand Palais, le parcours
a été conçu de
manière différente, afin de faire ressortir diverses
facettes de l'art de
Chassériau. Mort jeune son oeuvre peut être comprise
sans un déroulement
chronologique strict. Non pas que des scansions n'existent mais
c'est
surtout l'unité du créateur, à travers les
principaux thèmes abordés, qu'il
convenait de dégager. A l'intérieur de chaque section
thématique
ressortiront les évolutions et les constantes perceptibles
pendant sa courte
carrière. Cela est particulièrement frappant pour
ses prodigieux portraits
(salle 9 et 10).
*
* La méthode de Chassériau, qui conçoit
ses compositions en utilisant
les ressources graphiques et picturales, en particulier pour
les grands
décors, a ainsi été mise en valeur (salles
6 et 7). Nous avons voulu aussi
opposer fortement les deux faces de l'Orientalisme de Chassériau
: un Orient
brutal, celui de la conquête coloniale, face à un
Orient qualifié
d'ethnographique (avec ses limites) et au parfum souvent capiteux.
Le thème
féminin traverse toute son oeuvre et fit germer quelques
unes de ses oeuvres
inoubliables, où la douleur n'est jamais loin de la sensualité
(salle 8).
Des oeuvres au statut parfois encore indéfini -esquisses
ou oeuvres (in-)
achevées ?- parlent à notre sensibilité
par leur « expressionnisme » (salle
13).
*
* Une présentation des collections permanentes autour
de Chassériau
Occupant la quasi totalité du musée des Beaux-Arts,
l'exposition laisse
quatre salles pour présenter une toute petite partie des
si riches
collections permanentes du musée. Le choix a été
fait de présenter seulement
les oeuvres en liaison avec la rétrospective et ceci dans
deux directions :
* Chassériau parmi ses maîtres, contemporains
et amis (salle D)
* Deux oeuvres emblématiques, une esquisse de Delacroix
et un portrait
ingresque (par Dubufe) situent l'artiste. Quelques oeuvres ont
été à cette
occasion sorties des réserves, des peintures (orientalistes
telle celle de
son ami Marilhat) mais surtout un ensemble de bronzes de Barye.
Barye et
Chassériau ont traité de mêmes sujets, ce
qui justifie aussi la présence de
quelques bronzes à l'intérieur même de l'exposition.
Un tableau de Courbet
rappelle que Chassériau fut l'exact contemporain du père
du réalisme, quand
une importante peinture de Gustave Doré (Les Martyrs chrétiens
(1871),
prêtée par le musée d'art moderne et contemporain
de Strasbourg) montre un
des termes de sa postérité.
*
* « Le musée imaginaire romantique »
(salles A à C)
Le XIXe siècle est celui de l'histoire et des musées.
La génération
romantique s'y forme. Les musées s'inspirent dans leur
accrochage des
palais, tels ceux de Rome que visita Chassériau et nous
avons voulu faire un
accrochage « à l'ancienne », c'est-à-dire
permettant les comparaisons en
mélangeant les écoles et les périodes, comme
on le faisait alors. C'est
aussi l'époque des réévaluations artistiques.
Car le goût évolue fortement
à l'époque de Chassériau. Les Primitifs
italiens deviennent appréciés, de
même que l'école espagnole (grâce au musée
espagnol formé par
Louis-Philippe, où Chassériau copia la Fille de
Greco et duquel proviennent
les deux Zurbaran du musée) ainsi que le XVIIIe français
(après l'opprobre
néo-classique) et un certain réalisme, celui du
XVIIe siècle hollandais et
français, contemporain des scandales de Courbet.
Le musée des Beaux-Arts de Strasbourg possède
une des plus importantes
collections de peintures anciennes en région. Toutes les
écoles sont
représentées des Primitifs (Giotto) à Courbet
et Carpeaux, en passant par
Memling, Botticelli, Piero di Cosimo, Raphaël, Véronèse,
Corrège, Lucas de
Leyde, Greco, Rubens, Champaigne, Largillierre, Boucher, Canaletto,
Tiepolo
et Goya.
Après avoir accueilli la rétrospective Sébastien
Bourdon l'an dernier et
avant d'organiser avec le musée des Beaux-Arts de Tours
une très importante
exposition sur l'esquisse peinte en France au XVIIIe siècle
(été 2003), le
musée des Beaux-Arts continue de participer à la
redécouverte des principaux
peintres français.
|