OMA-Rem Koolhaas
architecte urbaniste,
Rotterdam
Reading [lecture]
Rem Koolhaas livre à la fin de l'année une
maison particulière à Bordeaux. C'est dans
cette actualité qu'arc en rêve centre d'architecture
propose une exposition consacrée au thème de
la petite dimension, Living (vivre), dans l'oeuvre de l'architecte
néerlandais.
Quatre maisons construites entre 1988 et 1998 aux Pays-Bas et
en France, et un ensemble de 24 logements au Japon en 1991 constituent
l'essentiel de l'exposition.
Rem Koolhaas est une figure internationale essentielle de
l'architecture contemporaine, en particulier parce que les concepts
fondateurs de son travail, ses prises de positions, ses projets
et ses réalisations par leur singularité, leur
audace ou leur radicalité sont loin de faire l'unanimité
et provoquent des débats ou suscitent des commentaires
passionnés et contradictoires.
À l'heure ou le réel dans lequel nous vivons subit
une mutation irréversible et que les outils que nos prédécesseurs
avaient forgés semblent devenus inopérants et obsolètes
face à son état d'instabilité, de discontinuité
et de fragmentation il semble intéressant de prendre le
temps d'entendre et de regarder ceux qui comme Rem Koolhaas tentent
d'extraire du sens, de la richesse et de la connaissance de ce
chaos du monde "au delà du bien et du mal".
L'oeuvre architecturale de Rem Koolhaas est paradoxalement
plus connue par les projets réalisés ou non, concernant
la métropole (Melun-Sénart, Euralille, ou plus
récemment Séoul> ou par les projets de grande
échelle <Bibliothèque de France à Paris,
gare maritime à Zeebrugge, centre d'art et de technologie
des médias à Karlsruhe, Congrexpo à Lille>.
Pourtant, le thème de la maison participe à la
réflexion de l'OMA (Office for Metropolitan Architecture)
sur la ville contemporaine. Les maisons constituent peut-être,
à une micro-échelle, un " laboratoire",
lieu d'expérimentation de l'espace habité dans
ce qu'il a de plus intime.
Rem Koolhaas a en mémoire les recherches sur l'habitat,
initiées par les grands architectes modernes d'avant-guerre.
Mais il repousse toujours plus loin les limites de la création
et de l'invention en ouvrant des voies nouvelles par un remarquable
travail sur le contexte, la typologie, les matériaux et
la construction. Les quatre maisons européennes et les
24 appartements japonais ont tous en commun une liberté
extrême. Ouverture, transparence, translucidité/opacité
rendent les espaces intérieurs absolument perméables
aux variations de la lumière et du temps. Par la configuration
et la qualité de leurs espaces, toutes expriment de subtiles
contradictions entre brutalité et sensualité, pesanteur
et légèreté.
À Bordeaux, l'exposition se déroule, sur 450
m2, selon six séquences successives dans six salles identiques.
La première séquence donne un aperçu de
l'oeuvre de 'OMA, son univers, depuis 1972 jusqu'en 1994, présenté
à travers S,M,L,XL le livre réalisé avec
le graphiste canadien Bruce Mau (Toronto) et édité
par the Monacelli Press (New-York) en 1995 et réédité
par Taschen en 1997. La totalité des épreuves d'impression
est exposée sur les cimaises.
Les quatre séquences suivantes sur le thème de
Living [vivre] montrent cinq réalisations : la Patio Villa
(Rotterdam, 1988), la Villa dall'Ava (St-Cloud, 1991), l'ensemble
de 24 logements Nexus (Fukuoka, 1991), la Dutch house (1993)
et la Maison à Bordeaux (1997). Elles sont présentées
dans chaque salle simultanément et abordées à
chaque fois par un média différent: une dizaine
de maquettes d'études et de présentation des plans,
coupes, élévations et axonométries à
la même échelle; l'histoire des projets à
travers des cahiers rassemblant une sélection d'archives
et deux films vidéo réalisés par Richard
Copans (Les Films d'ici) sur la Villa dall'Ava et la Maison à
Bordeaux; une sélection de photographies de Hiroki Kawano,
Christian Richters, Philippe Ruault, Hans Werlemann et Rem Koolhaas
lui-même. La sixième séquence est consacrée
aux travaux en cours, douze projets encore en l'état d'études,
en chantier ou bien livrés récemment Educatorium
(Utrecht), Souterrain (La Haye), Universal city MCA (Los Angeles),
H-project (SéouI), Samsung museum (Séoul), Chassé-terrain
(Breda), United Nations (Genève), Airport city (Séoul),
Hyperbuilding (Bangko k), plans d'urbanisme pour Hanol, Gênes
et Schipol (Amsterdam airport city).
OMA-Rem Koolhaas I Living [vivre] sera ensuite présentée
à Vienne (AZW) et Rotterdam (NAi) qui co-organisent l'exposition
avec arc en rêve centre d'architecture.
En parallèle, arc en rêve centre d'architecture
présente une exposition consacrée au travail de
Bruce Mau. Elle fait l'objet d'une installation-manifeste de
la part du graphiste canadien sur les questions de la tvpographie
et du livre.
Né en 1944 à Rotterdam, Rem Koolhaas est d'abord
journaliste (à Amsterdam, au Haagse Port) et scénariste
de films. Il étudie à l'Architectural Association
de Londres de 1968 à 1972. De cette période datent
deux projets théoriques remarqués: The Berlin Wall
as architecture (1970) et, avec Madelon Vriesendorp et Elia et
Zoe Zenghelis, Exodus, or the Voluntary Prisoners ofArchitecture
(1972). Koolhaas fait ensuite un long séjour aux États-Unis,
travaillant notamment à l'université Cornell avec
Oswald Matthias Ungers en 1972-1973. En 1975, il fonde avec Vriesendorp
et les Zenghelis, l'Office for Metropolitan Architecture (OMA)
qui se donne pour programme la définition de nouveaux
modes de relations entre l'architecture et les situations urbaines
et culturelles contemporaines. Jusqu'en 1979, il travaille à
New York à l'lnstitute for Architecture and Urban Studies,
et rédige alors Délirious New York:, un livre consacré
à la plus célèbre ville du xxe, siècle
qui analyse l'impact de la culture métropolitaine sur
l'architecture, livre qui est publié simultanément
à Londres, New York et Paris en 1978. Dans le même
temps, Koolhaas conçoit avec ses associés de l'OMA
une série de projets théoriques ayant pour cadre
la ville de New York et participe à plusieurs concours
d'architecture, dont celui de l'extension du Parlement de La
Haye (1978). Il se voit confier des projets grâce auxquels
il aborde la question de l'architecture moderne dans le contexte
historique de la ville européenne.
En 1980, la commande du Théâtre Néerlandais
de la Danse de la Haye fournit à OMA l'occasion d'ouvrir
une agence aux Pays-Bas. L'agence de Rotterdam est restée
le siège de l'activité d'OMA. Participant à
de nombreux concours internationaux, l'OMA-Rem Koolhaas se fait
notamment remarquer à l'occasion du concours du parc de
la Villette à Paris en 7982-1983, pour lequel il conçoit
un projet qui est "une exploitation pure de la condition
métropolitaine", une réaction en chaîne
d'événements et de programmes générés
presque sans architecture construite. La fin des années
7980 voit l'OMA-Rem Koolhaas réaliser une suite de grands
projets étonnants de détermination et de force
conceptuelle. Koolhaas est l'urbaniste d'Euralille. Il est également
l'architecte du Grand Palais de Lille, centre de congrès,
d'expositions et de spectacles (100 000 m2). Les années
1990 sont les années de nombreuses réalisations,
la Villa dall'Ava à Saint-Cloud (prix d'architecture du
Moniteur 1991), Byzantium, un bâtiment d'habitations et
de bureaux à Amsterdam et Nexus, un ensemble de logements
à Fukuoka (prix du meilleur bâtiment du Japon 1991).
En 1992 et 1993 suivirent le Kunsthal le Museumpark et la Dutch
House aux Pays-Bas. Puis en cours ou récemment livrés,
Educatorium, un bâtiment universitaire sur le campus de
l'université d'Utrecht dont OMA a en charqe le plan, la
Maison à Bordeaux, Souterrain à La Haye, Universal
city - MCA à Los Angeles, H-project et Samsung museum,
et Airport city' à Séoul, Chassé-terrain,
logements à Broda, le pavillon des Droits de l'Homme (Nations
Unies) à Genève l'Hyperbuilding à Bangkok,
les plans d'urbanisme pour Hanoï; Gênes et Amstenlam-Schipol.
Depuis 1990, Rem Koolhaas mène à la fois un travail
d'enseignement et de recherche à l'université de
Harvard Cambricige aux États-Unis.
En 1995, Rem Koolhaas publie chez Monacelli Press un ouvrage
conçu avec le graphiste designer Bruce Mau. Accumulation
impressionnante de mots et d'images (1376 pages, 1250 illustrations),
ce livre, prix 1997 de l'American Institute ofArchitects, réalisé
comme un roman d'architecture présente une sélection
critique du travail de création de l'OMA et éclaire
la condition de l'architecture aujourd'hui.
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