[ Musée Picasso ]

 

Graham Sutherland


Pink Vine Pergola, 1947 - huile sur toile
50,8 x 64,8 cm
the British Council, Londres.


Extrait du texte de David Ebony

De la terre: Graham Sutherland

Sutherland s'est efforcé très tôt d'élaborer une nouvelle approche du paysage, qui serait très éloignée des scènes bucoliques de la peinture anglaise traditionnelle. Suivant les diktats de la Société, les artistes des siècles précédents voyaient dans la terre une force qu'il fallait craindre, apprivoiser, maîtriser ou conquérir. Au XIX éme siècle, certains peintres travaillaient un paysage comme une parcelle de terrain qu'on pouvait acheter, vendre ou mettre en valeur, ou comme un souvenir nostalgique de la nature avant que les ravages de la révolution industrielle ne défigurent irrémédiablement la terre. Sutherland étudia soigneusement la peinture des romantiques anglais -surtout celle de Samuel Palmer-, qui tournèrent le dos au capitalisme industriel en plein essor pour se mettre en quête d'un lien spirituel avec le paysage.


Standing Form, 1952 - huile sur toile
218 x 100 cm
Musée national d'Art Moderne, Paris.

Inspiré par l'oeuvre de Palmer ainsi que par les environs de Kent, le Pays de Galles et, par la suite, le Midi de la France, Sutherland s'efforça de trouver un langage pictural dans lequel exprimer la recherche d'une synthèse harmonique de l'humain, de l'organique et du mécanique. "L'histoire de la peinture du paysage, a pu écrire le critique W. J. T. Mitchell, a été souvent décrite comme une quête, non pas simplement d'une représentation pure et transparente de la nature, mais comme une quête de la peinture pure, libérée de toutes préoccupations littéraires et de la représentation".

Dans ses études de "formes cornues" du début des années quarante et ses études pour la toile monumentale des origines de la terre


Articuled Form,1949 - huile sur toile
53 x 43,5 cm
Collection particulière.

Sutherland joue sur la dichotomie du microcosme et du macrocosme. Ces peintures représentent des petites formes de racines, des cailloux qu'on peut tenir dans la paume de la main et d'autres objets que l'artiste ramassait par terre et qui apparaissent comme des présences démesurées dominant des paysages infinis. Dans des oeuvres comme celles de la série des Tonnelles (Vine Pergola ) de la fin des années quarante, des organismes vivants semblent prendre un aspect architectural, comme Si chacun d'eux était tout à la fois habitat et habitant. Dans ces peintures, intérieur et extérieur sont interchangeables.

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