[ La Terrasse ]

Thomas HIRSCHHORN
"World corners"

 

Le Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne présentera du 8 octobre au 5 décembre l'une des pièces majeures de Thomas HIRSCHHORN, "World corners", oeuvre en cours d'acquisition par le Musée.

Présentée une première -et unique- fois à la Chisenhale Gallery à Londres en 1998 elle sera réinstallée à cette occasion et adaptée aux espaces du musée par Thomas Hirschhorn. Cette exposition intervient après celles, très remarquées de la Kunsthalle de Berne, du Portikus à Francfort, du Musée Ludwig à Cologne et ses participations récentes à l'exposition Premise (Musée Guggenheim, New-York) et à la Biennale de Venise.

Thomas HIRSCHHORN

Photographie : CHISENHALE GALERY - Londres

Né à Berne en 1957, Thomas HIRSCHHORN s'intéresse d'abord au graphisme qu'il étudie à Zurich avant de s'installer à Paris pour travailler auprès du groupe Grapus qui, prolongeant l'acquis des avant gardes révolutionnaires du début du siècle envisage la pratique du design graphique dans une perspective de critique sociale.

Quand il prend ses distances avec Grapus c'est pour aborder une démarche artistique où les questions des rapports de la forme et de l'engagement politique demeurent au centre de ses préoccupations, son choix consistant, comme il le confiera à Alison Gingeras "de refuser de faire de l'art politique" mais de "faire de l'art politiquement".

Réfutant, pour ses oeuvres, le qualificatif d"'installations" il lui oppose le terme anglais "display" dont il apprécie les connections possibles avec son usage commercial ("display" pouvant aussi bien signifier "exposition" que "mise en étalage").

C'est à ce concept ambigu que renvoie "World corners" avec, aux quatre coins d'une pièce, des empilements d'objets correspondant, chacun, à l'un des grands thèmes
-culture, politique, économie, religion-agissant le corps social A l'aide de papier métallisé il en trace les ramifications sur les murs et dans l'espace, visualisant leurs interconnections et leur puissance de diffusion.

L'accumulation d'éléments symboliques ou symptomatiques de chacun de ces thèmes (objets, coupures de presse, images télévisuelles...) se rattache à une esthétique du bazar, comme, aussi bien à certaines pratiques religieuses populaires qui se complaisent et se réalisent dans l'entassement, la profusion et le clinquant.

Attractive et répulsive, séduisante et inquiétante l'oeuvre se présente comme un vecteur efficace d'interrogation et de déconditionnement.

L'exposition sera accompagnée d'une publication conçue par l'artiste comportant une étude inédite de Jean Charles Massera sur "World corners".

 

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