Galerie Alain Gutharc
Les feuilles sont tombées et les boules de sureau ont depuis longtemps achevé leur dispersion. Pourtant en contemplant le travail de Nils Udo on ne peut s'empêcher de s'absorber dans la réalité photographique de l'instant qui a été. Le corps défie les lois de la pesanteur pour se transporter, immatériel, à la découverte d'un autre espace à habiter. On navigue à la surface d'un nénuphar sur lequel la disposition systématique de pétales rose fuchsia fait naître un moment d'équilibre, une beauté saisissante. Le temps s'arrête. Et la raison se heurte aux limites du cadre. Car cette nature, donnée, seul le regard l'habite. Nils Udo que l'on rattache au «land art» a rapidement
ancré sa pratique artistique dans le dialogue avec une
nature généralement vidée de toute présence
humaine, autre que celle suggérée par ses interventions.
De l'installation, en passant par la sculpture ou la photographie,
rien ne permet de circonscrire l'activité de l'artiste
bavarois qui intègre également la botanique et L' utilisation des ressources par Nils Udo est en effet infiniment lente et respectueuse. Ces installations sont des écosystèmes au devenir chaotique figés par la photographie dans une improbable permanence. La démarche est écologique, elle s'apparente à une pollinisation. Prélevant ici, pour transporter là-bas, la création naît du déplacement, de la mise en rapport de l'être avec le milieu. La nature devient donc le terrain d'expérimentation où l'homme agissant sur son environnement est conscient d'agir sur lui même. Car les oeuvres de Nils Udo ne naissent que de l'interventions de l'artiste dans le paysage. C'est à dire d'un dialogue, d'un échange. Ce qui est essentiel ici, ce n'est ni la nature en elle même, ni le geste pour lui même, c'est l'entre deux, l'interaction. Nils Udo dispose des grappes de sureau traversant en une ligne
rouge vif un bosquet de sapin vert. Alors le regard peut s'émerveiller
de la beauté graphique ou de l'intensité des couleurs
de ce paysage identifiable et pourtant tellement autre. Ces travaux
portent insidieusement en eux quelque chose de l'ordre du transcendantal.
D'ailleurs on les contemple plus qu'on ne Hélène Gugenheim.
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