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Galerie G.K., Belgrade, 2007
@ Tatiana Stolpovic



Tatiana Stolpovic
Enracinement et légèreté

   

    Telle une plante qui plonge ses racines entrelacées dans l’humus de la création, dans la terre nourricière des rêves, l’œuvre de Tatiana Stolpovic se déploie pour laisser s’épanouir des constructions légères dont l’ossature se développe comme une ville-corps, un univers organique, végétal, minéral, aérien, indéfinissable.
    Des figures sans nom, à fleur de forme, au seuil de la définition, sont suspendues ou effleurent à peine le sol. Œuvre entre ciel et terre, partie de l’enracinement pour trouver peu à peu la légèreté sans perdre ses attaches.



Paysage
Fibres végétales, 2009
Photographie : Nicolas Pfeiffer.
@ Tatiana Stolpovic

    Vaisseaux, barques flottantes, pagaies, ces leitmotive sont une invitation à des voyages imaginaires qui mêlent cultures du monde (yourtes, chapeaux indiens…) et mythologie personnelle.

I

Inu
Fibres végétales, bois, 2008
Photographie : Nicolas Pfeiffer.
@ Tatiana Stolpovic



    Villes en apesanteur, comme issues de contes d’où les personnages se seraient échappés. Paysages mythiques, d’avant le temps ou hors du temps. Cités délaissées après leur destruction et réappropriées par la nature. Vestiges qui tendent à s’effacer, archéologie du futur.
    Installations dans les campagnes et les parcs, où la nature tente de survivre, au sein des villes envahies par la pollution et les technologies. L’œuvre et la nature s’interpénètrent, dans une symbiose où plantes et animaux intègrent l’œuvre, y trouvent refuge. Des petites pousses se mêlent au bois, à la fibre végétale, les oiseaux y font leurs nids. L’artiste imite la nature, et celle-ci se laisse prendre dans cet univers qui oscille entre l’organique et l’abstraction.



Likia
Copeaux de bois et fibres végétales,
Parc des Buttes-chaumont, 2006
@ Tatiana Stolpovic


    Dans ses installations comme avec ses « sculptures-boutures », l’artiste réutilise des éléments, végétaux ou minéraux, recueillis au cours de ses promenades et de ses voyages à travers le monde, pour créer des formes nouvelles, assemblages qu’elle réintègre à la nature. Glaneuse rêveuse, elle parsème son atelier de boutures de plantes et de sculptures-boutures qui donneront peut-être naissance à de grandes sculptures. Fleurs minérales, sculptures ailées, en suspension entre terre et ciel. Elévation et ancrage.



sculpture-bouture, 2003
pierres
@ Tatiana Stolpovic


    Dans ce monde inspiré par un désir de légèreté, art éphémère où les mots ne définissent plus les choses, où les histoires ne surviennent plus que par bribes, la figure humaine elle-même est déconstruite, morcelée et réintégrée à la nature. L’homme, devient ville quand la ville hésite entre devenir plante ou animal. Les jeux de miroirs et projections transforment encore les œuvres, qui se déclinent au gré de la lumière, des saisons, du regard.



Paysage
Projection sur les sculptures en fibres végétales
salon de mai, Paris, 2008
@ Tatiana Stolpovic


Et lorsque les sculptures sont virtuelles, matière créée pour le seul regard, lumière travaillée dans la magie du « retour optique » des technologies de pointe, lorsque l’artiste elle-même pénètre dans sa création virtuelle en trois dimensions, lorsque l’art apprivoise les nouvelles technologies pour les insérer dans la nature, alors l’humain, peut-être, retrouve-t-il sa place.



Sculpture en fibres végétales
Galerie G.K., Belgrade, 2007
@ Tatiana Stolpovic


    Réinventer la douceur, la transparence, au-delà des interprétations. Eviter la représentation. S’effacer devant l’œuvre jusqu’à effacer l’œuvre. Laisser la nature s’approprier de l’œuvre, le spectateur décider de ce qu’il désire voir. Trouver la légèreté sans perdre ses racines. Tels sont les enjeux de cette œuvre délicate qui toujours se cherche, sans se lasser.

Anguéliki Garidis, mars 2009


Paysage
Fibres végétales, 2009
Photographie : Nicolas Pfeiffer.
@ Tatiana Stolpovic